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Oxfam-Magasins du monde

Mobilisation en marche pour la Palestine

Analyses
Mobilisation en marche pour la Palestine

L’organisation de commerce équitable Sindyanna of Galilee se veut à l’image de ses fondatrices : deux femmes, l’une, Hadas Lahav, journaliste et activiste féministe israélienne et l’autre Samia Nasser, enseignante de formation, puis travailleuse sociale auprès des femmes et des jeunes dans sa communauté palestinienne. La complémentarité des deux membres de l’association révèle une volonté affichée de favoriser la coopération entre les deux communautés en présence en Galilée. L’ONG reste avant tout un projet par et pour les femmes. En effet, les femmes arabes d’Israël qui n’ont pas accès à l’éducation souffrent de trois handicaps : elles sont arabes dans un Etat juif, femmes dans une société patriarcale et travailleuses non qualifiées dans une économie libérale [[highslide](1;1;;;)Arab Women in Israel: Obstacles to Emancipation, de Michal Schwartz & Asma Agbarieh-Zahalka, Numéro 108, Mars/Avril 2008, Disponible sur : http://www.challengemag.com/en/article__203/arab_women_in_israel_obstacles_to_emancipation[/highslide]]. C’est pour répondre – en partie – à ces trois difficultés que l’ONG Sindyanna a débuté son action auprès de ce public spécifique en 1996. Le travail d’accompagnement vers l’emploi des femmes arabes est mis en perspective avec les enjeux qui animent les habitants des territoires occupés palestiniens : à savoir préserver leur terre et leurs traditions agricoles, notamment à travers la culture de l’olivier. Sindyanna se bat ainsi dans un contexte politique particulièrement difficile depuis la construction du mur et l’arrivée du Hamas au pouvoir en 2006 pour améliorer le secteur agricole arabe et donner un emploi à des femmes peu qualifiées.

La défense des droits des Palestiniens en première ligne

Si le partenariat entre Sindyanna et Oxfam-Magasins du monde est récent (2004) avec de l’huile d’olive extra vierge, du za’atar (mélange d’épices) et une gamme de savons à base d’huile d’olive présents en magasin [[highslide](2;2;;;)Le partenariat avec Oxfam-Magasins du monde concerne le savon, celui d’Oxfam-Werledwinkels a débuté en 2004 avec l’importation d’huile d’olive et de za’atar.[/highslide]], les activités de Sindyanna sont très variées et s’inscrivent dans un projet de société mené de façon transversale par trois organisations. La maison d’éditions Hanitzotz, le syndicat Workers’ Advice Center (WAC) et Sindyanna of Galilee partagent une vision commune (qu’on pourrait qualifier de « gauche progressiste ») et mènent ensemble un même combat pour la reconnaissance des droits des populations arabes en Israël [[highslide](3;3;;;)Il s’agit des Palestiniens, citoyens d’Israël (les Palestiniens de ’48, comme on les appelle) qui sont systématiquement discriminés.[/highslide]] et la recherche de solutions alternatives face à l’actuel conflit israélo-palestinien.

La maison d’éditions Hanitzotz (étincelle en arabe) est fondée en 1985 par des militants israéliens et palestiniens des droits de l’homme qui luttent ensemble pour trouver une solution au conflit qui oppose leurs nations. Les diverses publications de la maison d’éditions [[highslide](4;4;;;)Parmi ces publications, le magazine Challenge débat largement du conflit israélo-palestinien en accentuant son analyse sur les difficultés des populations arabes en Israël. Il est consultable sur : http://www.challenge-mag.com[/highslide]] portent essentiellement sur la culture arabe et le conflit israélo-palestinien. L’objectif porté dans ces différentes parutions est de fournir aux populations locales des informations fiables pour défendre leurs droits et ainsi de contribuer à l’organisation d’un mouvement de citoyens.

En 1992 des membres d’Hanitzotz s’allient aux villageois de Majd al-Krum, un village arabe de Galilée, et fondent ensemble le centre culturel de Baqa. Le centre est géré presque uniquement par des volontaires, aussi bien arabes que juifs. Plusieurs projets d’éducation sont menés auprès des femmes, des enfants et des jeunes issus de milieux populaires de communautés arabes, afin qu’ils puissent améliorer leur position dans la société. La prise de conscience des villageois facilite ensuite leur mise en action, ce qui rend alors possible la lutte contre la discrimination des populations arabes en Israël. Un second centre est fondé à Jaffa en 1995 et contribue également à une meilleure organisation des mouvements citoyens.

Le syndicat Worker’s Advice Center (WAC) a été quant à lui fondé à la fin des années 1990, suite aux Accords d’Oslo qui ont favorisé la privatisation des entreprises israéliennes, et avec elles la perte de nombreux emplois dans les secteurs du textile et de la construction. Le WAC aspire à créer une culture de solidarité entre les travailleurs israéliens et répondre à leurs besoins d’organisation, de conseils et de protection. Le public privilégié du WAC restent les travailleurs arabes qui subissent une forte ségrégation sur le marché de l’emploi israélien. Le WAC les accompagne vers l’emploi, veille au respect de leurs droits, à la remise d’un salaire décent et leur offre des formations, notamment pour devenir de futurs activistes syndicaux. Le WAC fait également du lobbying auprès des gouvernements locaux pour dénoncer les pratiques discriminatoires des employés israéliens vis-à-vis des travailleurs arabes.

En 2008, le WAC a également lancé un appel en direction de syndicats britanniques en les encourageant à faire pression auprès de distributeurs britanniques pour vérifier l’implantation et le respect des droits fondamentaux dans leurs chaînes d’approvisionnement. En effet, de nombreux produits alimentaires israéliens sont vendus dans des supermarchés anglais [[highslide](5;5;;;)Michal Schwartz, Arab Women in Israel’s farms: Let Them Work!, disponible sur : http://www.wac-maan.org.il/en/article__32[/highslide]]. Le travail réalisé par le WAC est constamment menacé d’une fermeture brutale et imposée de ses centres d’accueil qui représentent « une menace pour l’Etat » [[highslide](6;6;;;)3 centres ont été fermés en 2004, cette menace persiste encore aujourd’hui et est dénoncée sur le site web du WAC : http://www.wac-maan.org.il[/highslide]].

Sindyanna : chêne liège de Galilée, symbole d’espoir et de persévérance

L’organisation Sindyanna tire son nom d’un village palestinien, vidé de sa population en 1948. Aujourd’hui Sindyanna exporte surtout des produits qui viennent des territoires occupés et travaille avec des femmes arabes et juives de Palestine. L’objectif de Sindyanna est de développer l’agriculture arabe de façon durable, de lutter contre la confiscation des terres et d’assurer aux fermiers un revenu équitable. L’association achète les matières premières brutes (huile et savon) aux producteurs de Naplouse, qui sont ensuite séchées et râpées à Nazareth. Ce schéma révèle deux difficultés : seule la culture est réalisée en Palestine, la transformation a lieu en Israël. Roni Ben Efrat explique « qu’il ne serait pas possible de transformer le produit fini à Naplouse » [[highslide](7;7;;;)Rencontre avec Roni Ben Efrat, éditrice du magazine Challenge et co-fondatrice de Sindyanna, lors de la mission d’observation d’Oxfam – Magasins du monde en 2005, notes de Géraldine Dohet et Catherine Stommen.[/highslide]]. Enfin le transfert de matière première de Palestine vers Israël est rendu difficile à cause du mur et des nombreux check points.

La démarche commerciale de Sindyanna trouve donc une justification dans le projet politique et social de l’association : Sindyanna défend le droit des femmes arabes à travailler la terre et à recevoir un revenu décent de leur activité. Sindyanna répond à deux problèmes cruciaux qui
affectent la société arabe en Israël : le marché de l’huile d’olive et le statut de la femme arabe. Les réponses privilégiées par l’organisation sont de commercialiser ses produits selon les principes de commerce équitable et de favoriser l’émancipation des femmes en facilitant leur accès à l’emploi. La culture de l’olivier et la transformation de produits issus de ses fruits par des femmes palestiniennes tente ainsi de répondre à ces deux enjeux.

Sindyanna est la seule organisation de commerce équitable en Israël, elle est également membre de WFTO (l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable) depuis octobre 2003. Sindyanna se vante également d’être la seule ONG en Israël où le salaire est identique pour les directeurs et les travailleurs. De même il n’existe pas, contrairement à ce que certains ont affirmé, une division du travail selon l’appartenance religieuse entre travailleurs arabes et directeurs juifs. [[highslide](8;8;;;)Oxfam-Wereldwinkels avait fait l’objet d’une attaque par un journaliste aux débuts de son partenariat avec Sindyanna où il était fait mention « de soutenir une organisation paternaliste et colonialiste où seuls des juifs arabes en sont à la tête ». Ce à quoi Roni Ben Efrat, co-fondatrice de l’organisation, avait répondu que « 5 femmes sont directrices de Sindyanna et une seule d’entre elle est juive. »[/highslide]]« La Région souffre de nationalisme et de fondamentalisme religieux des deux côtés, Sindyanna souhaite présenter un exemple différent », explique Roni Ben Efrat. Ainsi les critères de sélection dans le choix des producteurs exigent qu’ils soient membres de la communauté arabe en Israël ou palestiniens vivant dans les territoires occupés, leurs produits doivent respecter les critères de commerce équitable (et de la culture biologique pour l’huile d’olive) et enfin le travail des enfants est formellement interdit. Sur ces bases démocratiques, l’association souhaite une fois de plus se démarquer.

Les produits distribués par Sindyanna sont : l’huile d’olive, le sirop, le za’atar, les paniers, le miel… [[highslide](9;9;;;)Pour plus d’informations sur les produits de Sindyanna, voir les analyses déjà réalisées par Oxfam-Magasins du monde : http://www.oxfammagasinsdumonde.be/partenaires/partenaires-alimentaires/sindyanna-of-galilee/[/highslide]]La volonté de Sindyanna est surtout de faire de la sensibilisation à travers la promotion de produits palestiniens et plus particulièrement les produits issus de l’olivier. Le partenariat entre Oxfam-Magasins du monde et Sindyanna présente donc les caractéristiques d’un produit « de campagne » et de « solidarité ». La vente de ces produits facilite le dialogue et la sensibilisation des consommateurs européens aux difficultés du peuple palestinien. « Les profits réalisés par la vente des produits de Sindyanna permettent de financer les campagnes du WAC », explique Roni Ben Efrat aux visiteurs belges en mission d’observation en novembre 2005.

A la rencontre de Sindyanna en palestine

Des bénévoles et des salariés d’Oxfam-Magasins du monde ont participé à une mission d’observation civile en Palestine avec d’autres ONG belges à la rencontre « des hommes et des femmes, Palestiniens ou Israéliens, qu’ils soient médecins, agriculteurs, jeunes bénévoles ou simples citoyens, qui construisent au jour le jour l’espoir d’une paix enfin possible. » [[highslide](10;10;;;)Pour lire l’analyse complète : http://www.omdm.be/politique/au-retour-dune-mission-dobservation-civile-en-palestine.html[/highslide]] Cette visite fait suite à une autre qui avait déjà eu lieu en 2002 et au cours de laquelle des rencontres avaient été organisées avec différents partenaires d’Oxfam-Magasins du monde dont Sindyanna, et l’Union of Agricultural Work Committees et l’Union of Palestinian Medical Relief Committees, soutenus par Oxfam-Wereldwinkels et Oxfam-Solidarité. Le séjour s’est déroulé uniquement en Cisjordanie. Les participants restent marqués par la « petitesse » du territoire : « La Cisjordanie équivaut à peine à 1/6ème de la Belgique et comprend sur son territoire près de 5 millions de Palestiniens; tandis que Gaza équivaut à la moitié de la province de Liège et compte plus d’un million d’habitants. »

Dans le cadre de ce voyage, une matinée complète a été consacrée à la visite d’une savonnerie à Naplouse. Initialement cette visite aurait dû avoir lieu dans la savonnerie auprès de laquelle Sindyanna s’approvisionne directement, celle de Abu Etnan, néanmoins ses capacités d’accueil étaient rendues difficiles suite à de récents évènements. Un article d’avril 2008 fait état d’une intrusion militaire dans les locaux de la savonnerie d’Abu Etnan : les soldats israéliens se sont introduits dans la savonnerie, les caisses de marchandise ont été retournées, les bouteilles d’huile d’olive vidées, la mémoire vive de l’ordinateur effacée [[highslide](11;11;;;)Lire l’article complet sur : http://www.sindyanna.com/9406/[/highslide]]. Les soldats israéliens s’en prennent aux savonneries car certains éléments qui entrent dans la composition de savons peuvent également être utilisés pour la fabrique de bombes.

La visite a donc été orientée vers une autre savonnerie. Catherine Stommen, coordinatrice régionale d’Oxfam-Magasins du monde à Namur, témoigne de sa visite à son retour de Palestine : « Cette fabrique a été détruite et occupée par l’armée pendant la première intifada en 1987. Les savons ont été stockés pendant plus de quinze ans. L’armée vient de quitter les lieux et la fabrique de savons va bientôt pouvoir être relancée. D’autres savonneries ont été bombardées et détruites par des F16. Ces bombardements engendrent un grand nombre de dommages collatéraux (destruction de maisons de civils etc …)». Ces visites ont donné lieu à dix soirées de débat et de témoignage de retour en Belgique entre les bénévoles d’Oxfam-Magasins du monde et les participants à la mission d’observation civile. « Certains bénévoles découvraient une réalité dont ils n’avaient pas conscience et cela a donné lieu à des débats d’idées intéressants dans les équipes » raconte Catherine.

La terre au cœur du conflit

« Le travail de la terre, ce n’est pas seulement ce qui nous fait vivre. C’est ce que nous avons hérité de nos pères, ce que nous avons toujours fait, c’est ce qui nous dit à quel moment de l’année nous sommes. Si vous sortez un poisson de l’eau, il meurt. Si vous privez un Palestinien de sa terre, … » [[highslide](12;12;;;)Citation recueillie par Catherine Stommen.[/highslide]]

Les revendications du peuple palestinien se sont fondées sur la nécessité de revenir à la terre, notamment pour développer le mouvement d’autonomisation des Palestiniens vis-à-vis des Israéliens. Il n’est donc pas surprenant que l’agriculture agisse comme un moyen de protéger cette terre et d’empêcher l’expansion des colonies israéliennes.

Depuis la deuxième Intifada, l’occupation israélienne s’est exprimée à travers la destruction des cultures et des équipements agricoles. L’occupation militaire et l’instabilité politique en Palestine tendent à aggraver la situation socio-économique et multiplie les contraintes pour le secteur
agricole.

En 1948, 90% de la population arabe travaillait dans le secteur agricole, elle n’est plus que de 4% aujourd’hui. Cette perte d’emplois s’explique en partie par les politiques gouvernementales qui font appel délibérément aux travailleurs migrants. Parmi les 50000 employés dans le secteur agricole en Israël aujourd’hui, la moitié sont des migrants (notamment thaïlandais) qui sont sous-payés, vivent sur leur lieu de travail et sont exclus de la sécurité sociale. [[highslide](13;13;;;)M. Schwartz, A. Agbarieh-Zahalka, Arab women in Israel : obstacles to emancipation, http://www.challenge-mag.com/en/article__203/arab_women_in_israel_obstacles_to_emancipation[/highslide]]

« Depuis 2000, les pertes du secteur agricole se traduisent à la fois en opportunités ratées en termes d’import-export, mais également en destructions ou confiscations de terres, de puits et de matériels agricoles,» explique Caroline Abu-Sada qui a rédigé une thèse sur les ONG de développement dans les territoires occupés palestiniens [[highslide](14;14;;;)Caroline Abu-Sada, Insécurité alimentaire, sous-produit de l’occupation, http://www.cetri.be/spip.php?article1009[/highslide]]. Les mesures coercitives d’Israël se traduisent de façon directe par la confiscation de plus de 10% des terres palestiniennes. Suite aux accords d’Oslo, le système de check points et de permis qui empêche le libre mouvement des personnes et des biens a renforcé la captivité du marché palestinien et la dépendance économique vis-à-vis d’Israël.

L’olivier symbolise très bien ces difficultés. Son huile, qui fait partie intégrante de la culture agricole arabe, a été connue tardivement par les Israéliens, et ce d’abord dans les restaurants italiens. Jusqu’en 2000, Sindyanna revendait 80% de son huile d’olive sur le marché intérieur mais suite à la crise économique, les ventes ont chuté et Sindyanna a du se tourner vers l’exportation et les réseaux de commerce équitable en Europe et aux Etats-Unis. Cette huile d’olive était concurrencée sur le marché local par celle des producteurs israéliens, qui bénéficient d’une bien meilleure irrigation et des dernières avancées technologiques. De plus, le marché israélien est submergé depuis quelques années par l’huile d’olive subventionnée d’Europe.

La vente d’huile d’olive dans les magasins du monde est donc importante « surtout pour des raisons symboliques », explique Elke Van Lerbegrhe, responsable produits chez Oxfam-Wereldwinkels en 2005 [[highslide](15;15;;;)Oxfam-Wereldwinkels weewee-krant, N° 468, Mars 2005[/highslide]]. L’association Sindyanna est partisane d’une coopération effective et réussie entre juifs et arabes, comme une condition sine qua non de la paix. Ce sont aussi ces raisons qui avaient retenu l’attention de la « commission produits partenariat » d’Oxfam-Magasins du monde fin 2003 avant d’inclure Sindyanna comme nouveau partenaire.

Des manifestations de solidarité

Les évènements de début 2009 ont de nouveau porté l’actualité de nos partenaires palestiniens au cœur du mouvement d’Oxfam-Magasins du monde. Suite aux bombardements qui ont frappé Gaza en Janvier 2009, les trois Oxfam belges (Oxfam-Solidarité, Oxfam-Wereldwinkels et Oxfam-Magasins du monde) se sont associés à une centaine d’organisations de la société civile pour demander la fin de la violence à Gaza lors d’une manifestation organisée le 11 janvier 2009. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Bruxelles pour exprimer leur désaccord avec l’opération menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza.

Oxfam International a également affiché une position claire sur son interprétation du conflit israélo-palestinien. L’ONG et ses affiliés demandent qu’une résolution contraignante soit prise par l’Union européenne et le Conseil de sécurité des Nations unies pour un arrêt immédiat des violences, la libre circulation de l’aide humanitaire et la suspension du processus d’extension des relations entre l’Union européenne et Israël [[highslide](16;16;;;)Pour lire le communiqué complet : http://www.oxfam.org/fr/pressroom/pressrelease/2009-01-04/gaza-offensive-israelienne-met-en-danger-la-vie-des-travailleurs[/highslide]]. Cette prise de position et la participation d’Oxfam-Magasins du monde à la manifestation de janvier n’ont pas laissé indifférents les bénévoles, sympathisants et travailleurs de l’association. En effet, le positionnement politique d’Oxfam-Magasins du monde, en dehors du commerce équitable, a pu surprendre certains. Pourtant, la mobilisation pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes figure bien dans la charte et l’identité même d’Oxfam-Magasins du monde. Les valeurs de paix et de développement étaient, avec le commerce équitable, à l’origine même du fondement du mouvement d’Oxfam Belgique en 1964.

C’est aussi par solidarité et en réponse à un appel de Sindyanna qu’Oxfam-Magasins du monde a choisi de se mobiliser pour cette cause [[highslide](17;17;;;)Appel de Sindyanna à ses partenaires et sympathisants le 9 février 2009: http://sindyanna.com/12055/[/highslide]]. Le lien avec le commerce équitable a été clairement mis en avant dans le message de l’organisation : « Le fait d’avoir des partenaires israéliens et palestiniens constitue une raison de suivre particulièrement le conflit en cours et de soutenir les efforts de paix. Nous sommes témoins des conséquences du conflit dans notre activité de commerce équitable.»

Des marches de femmes sont organisées par le WAC et Sindyanna lors de la journée de la femme (8 mars) et également le 1er mai de chaque année. Ces marches envoient un message au gouvernement israélien pour une législation plus adaptée et un accès à l’emploi pour les femmes et les travailleurs non qualifiés. Lors de la marche du 1er mai 2009, Asma Agbarieh-Zahalka, syndicaliste du WAC a lancé un appel aux travailleurs juifs et arabes en leur demandant « de s’unir au sein du WAC et de construire ensemble une alternative de paix, et d’aller contre la tendance dominante du gouvernement qui rejette toute négociation pour la paix [[highslide](18;18;;;)Article disponible sur : http://www.wac-maan.org.il/en/article__107[/highslide]]». Ce message de paix et d’union des deux communautés reste assez emblématique de l’action menée par Hanitzotz, le syndicat Workers’ Advice Center (WAC) et Sindyanna of Galilee, et ne demande qu’à être relayé par Oxfam en Europe.

La mise en action des femmes arabes

Le salaire moyen d’une femme arabe est de 47% inférieur à celui d’une femme juive, le niveau d’éducation moyen est moindre également. Ce problème a été aggravé depuis le milieu des années 1990 avec la libéralisation de l’économie et la disparition d’emplois dans les secteurs traditionnels (textile, agriculture …). Cette tendance coïncide avec le développement des actions dans les centres culturels d’Hanitzotz, puis la mobilisation syndicale du WAC.

« Pour la minorité de femmes qui travaillent dans l’agriculture, elles doivent très souvent passer par des intermédiaires qui les conduisent sur leur lieu de travail et qui collectent leurs salaires (ils récupèrent bien souvent 40% au passage) », expliquent Michal Schwartz et Asma Agbarieh-Zahalka sur le site web du WAC (www.wac-maan.org.il). Ces femmes touchent alors un salaire de 80 à 100 shekels (14 à 18 €), contre les 160 shekels (28€) du salaire minimum légal.

Le rôle du WAC est de protéger ces femmes, de les accompagner vers l’emploi et de les former à devenir des militantes syndicales, notamment lors de cours « d’empowerment ». Michal Schwartz va même plus loin et pense que ces femmes peuvent devenir des actrices de changement pour la libération de la société et contribuer à une plus grande solidarité entre travailleurs arabes et juifs, mais pour cela, il faudrait «un parti politique uni pour défendre les intérêts de ces femmes ».

Politique et relations internationales

En Avril 2006, après la victoire électorale du Hamas, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Canada ont suspendu leur aide au gouvernement de l’Autorité palestinienne. En un an, le nombre de Palestiniens vivant dans la pauvreté a augmenté de 30% Le nombre de personnes vivant avec moins de 50 cents par jour a presque double en 2006 pour dépasser le million de personnes.

La prise de contrôle de Gaza par le Hamas en juillet 2007 a engendré une duplication du pouvoir : le gouvernement dirigé par le Fatah siège à Ramallah (celui-ci est reconnu par la communauté internationale) tandis que le Hamas domine Gaza. La tension entre la Cisjordanie et Gaza s’en est trouvée accrue. L’opération militaire israélienne nommée « Molten Lead » a débuté le 27 décembre, en réponse des attaques du Hamas ont eu lieu au début de l’année 2009. Les populations palestiniennes subissent la privation de leur territoire et de leurs libertés.

Oxfam International est représenté en Cisjordanie et à Gaza et contribue à l’aide humanitaire dispensée à la population malgré les conflits armés qui persistent, et à ce titre publie régulièrement des analyses sur la situation sanitaire, politique et sociale du pays [[highslide](19;19;;;)Documents sur les territoires palestiniens occupés disponibles sur : http://www.oxfamsol.be/fr/rubrique.php3?id_rubrique=24[/highslide]].

Astrid Bouchedor
Stagiaire service politique