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Le commerce équitable au service des éleveurs et éleveuses et du bien-être animal

2020 Analyses
Le commerce équitable au service des éleveurs et éleveuses et du bien-être animal

Enjeux sociaux et environnementaux de l’élevage

En partant du constat que le commerce équitable, qu’il soit Nord-Sud, Nord-Nord ou Sud-Sud, ne s’intéresse que peu à la vente de produits issus de l’exploitation animale et à des critères éthiques et écologiques spécifiques à cette production, cette analyse entend montrer la nécessité aussi bien sociale qu’environnementale et éthique de se pencher sur l’alimentation provenant de l’élevage dans les pays du Sud.

Ugo Maréchal

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Dans les pays en voie de développement, l’exploitation des animaux est un des secteurs qui génère le plus de travail,  fournissant un moyen de subsistance à 1 milliard de personnes[1]PANGUI Louis-Joseph et KABORET Yalacé Y., «  Impacts de l’évolution de la consommation des protéines animales sur l’élevage et les éleveurs dans les pays du Sud », Bulletin de … Continue reading. Dans ces mêmes pays, 60% des ménages ruraux possèdent des animaux. Rien qu’en Afrique de l’Ouest, l’élevage concentre 52,5% des emplois[2]ALARY Véronique, DUTEURTRE Guillaume & FAYE, Bernard, « Elevages et sociétés: les rôles multiples de l’élevage dans les pays tropicaux », INRA Productions animales, vol. 24, no. 1, … Continue reading. L’élevage est une activité centrale d’une grande partie des populations du Sud puisqu’il remplit un rôle qui n’est pas seulement économique. Bien que les animaux soient une source de rentrée d’argent et permettent un revenu régulier, l’élevage est d’abord un facteur de sécurité alimentaire. En effet, l’autoconsommation est forte chez les éleveur.euse.s. Il y a donc une double sécurisation liée à l’exploitation animale : alimentaire et financière[3]FAYE Bernard,  ALARY Véronique, « Les enjeux des productions animales dans les pays du Sud », Productions animales, 2001, vol. 14, no. 1, p.10.. En plus de subvenir à des besoins essentiels, l’élevage constitue également un moyen de lutter contre la pauvreté et de fournir un capital social, à savoir la capacité d’agir collectivement, de vivre ensemble[4]ALARY Véronique, DUTEURTRE Guillaume & FAYE, Bernard, « Elevages et sociétés: les rôles multiples de l’élevage dans les pays tropicaux », INRA Productions animales, vol. 24, no. 1, … Continue reading. Ainsi, l’élevage conditionne et structure socialement l’existence de nombreuses personnes dans les pays en voie de développement. Néanmoins, cette activité est, à terme, menacée par les inégalités qu’elle sous-tend et par les disparités sociales qu’elle crée. Á la crise sociale vient s’ajouter une crise environnementale, l’élevage étant au centre de vives critiques en raison de son impact écologique conséquent.

1. Augmentation de l’élevage et conséquences sociales

Depuis plusieurs années, la demande de produits carnés et plus généralement de produits issus de l’élevage des animaux n’a cessé d’augmenter dans les pays du Sud. Cela est principalement dû à l’augmentation du pouvoir d’achat et à l’explosion démographique. Pour répondre à cette demande, la production animale, en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique, s’est largement développée[5]PANGUI Louis-Joseph et KABORET Yalacé Y., «  Impacts de l’évolution de la consommation des protéines animales sur l’élevage et les éleveurs dans les pays du Sud », Bulletin de … Continue reading. Il aurait été logique que cela profite aux éleveur.euse.s qui représentent une part importante du marché du travail dans les pays en voie de développement. Cependant, cette production animale s’est faite à travers la création de grandes unités de productions industrielles, empêchant les petit.e.s producteur.rice.s d’en bénéficier. On estime par exemple que les systèmes de production intensifs et industriels ont participé « pour plus de 80% du total de l’augmentation de la production animale et aquatique dans les pays en développement.[6]PANGUI Louis-Joseph et KABORET Yalacé Y., «  Impacts de l’évolution de la consommation des protéines animales sur l’élevage et les éleveurs dans les pays du Sud », Bulletin de … Continue reading». Même si cette nouvelle manière de produire a créé de l’emploi, elle a aussi été vectrice de conséquences sociales négatives. La croissance de la demande en produits d’origine animale n’a pas empêché d’exclure les petit.e.s producteurs.trice.s du marché. Dans les régions rurales, les exploitant.e.s n’ont pu concurrencer les grandes usines de productions notamment à cause de leur rendement beaucoup moins élevé[7]MOTTET Anne, « Les filières viande face à leurs défis: quelle vision pour demain? » Viandes & Produits Carnés, 2014, p. 3.. De surcroit, le fait que les élevages intensifs requièrent une quantité importante de céréales afin de nourrir le bétail engendre une augmentation générale du prix des céréales. Celles-ci deviennent alors plus difficilement accessibles financièrement pour les classes les plus précaires. Entre exclusion des marchés et flambée du prix des céréales, les éleveur.euse.s n’ont souvent d’autre choix que l’exode vers les villes[8]PANGUI Louis-Joseph et KABORET Yalacé Y., «  Impacts de l’évolution de la consommation des protéines animales sur l’élevage et les éleveurs dans les pays du Sud », Bulletin de … Continue reading.

La mondialisation et la libéralisation accrue des échanges participent également à la crise sociale des éleveur.euse.s dans les pays en voie de développement. En effet, bien que la multiplicité des échanges commerciaux ait permis à certains pays du Sud d’exporter leur production animale, la réduction des barrières économiques a également conduit certaines régions à être dépendantes des importations et pose ainsi le problème de l’autonomie alimentaire. Dans le cas spécifique du Sénégal par exemple, les importations massives de poulets ont affecté la production locale, obligeant de bon nombre de producteurs et productrices à arrêter leurs activités[9]DUTEUTRE Guillaume, PAPA Nouhine Dieye & DJIBY Dia, « Ouverture des frontières et développement agricole dans les pays de l’UEMOA: l’impact des importations de volailles et de … Continue reading.

Enfin, la situation sociale des éleveur.euse.s est préoccupante au regard de l’industrialisation de l’élevage. Observée en Europe surtout après la seconde guerre mondiale, l’industrialisation de l’agriculture, dont le but était d’encourager une productivité maximale, a nettement augmenté le rythme de travail des éleveur.euse.s et des agriculteur.rice.s. Leurs conditions de travail ont alors radicalement changé puisque la modernisation obéit aux lois de la rationalité économique et donc de l’exploitation de la main d’œuvre. Les relations entre les éleveur.euse.s européen.ne.s et leurs animaux se sont alors dégradées du fait de l’exigence de la productivité imposée. Le risque est alors de voir s’appliquer dans les pays du Sud cette même logique d’exploitation outrancière du travail de l’humain rendant le travail d’éleveur.euse.s plus difficile[10]PORCHER Jocelyne, « Bien-être et souffrance en élevage: conditions de vie au travail des personnes et des animaux », Sociologie du travail, 2003, vol. 45, no. 1, pp. 27-29..

La production animale devient alors un secteur qui doit être protégé par un ensemble de règles destinées à répondre à des problèmes sociaux, dus au commerce mondial. Que le commerce équitable puisse s’intéresser à encourager des productions locales, respectant de bonnes conditions pour les éleveur.euse.s tout en leur accordant une juste rémunération, permettrait de répondre à un enjeu urgent. Cette question sociale doit par ailleurs être accompagnée d’une prise de conscience écologique quant à la pollution engendrée par le système de production animale. La seconde partie aura justement pour objectif de montrer que les questions sociales posées par l’élevage dans les pays du Sud, s’accompagne d’enjeux environnementaux.

2. Les enjeux environnementaux

L’élevage est une pratique régulièrement citée comme représentant à elle seule 9%[11]GODBOUT Stéphane, PELLETIER F., HAMELIN L., et al., « Problématiques environnementales émergentes en production animale », Colloque en agroenvironnement: Le respect de l’environnement: … Continue reading des émissions de gaz à effet de serre de la planète, un chiffre qui avoisine les émissions de l’ensemble du secteur des transports évalué à 10%. Ce chiffre s’explique notamment par l’émission de méthane produit lors de la digestion de l’herbe des bovins. D’autres gaz, tel l’ammoniac (créé par métabolisation de l’acide urique présent dans les déjections animales) qui n’est pas un gaz à effet de serre, sont également étroitement liés à la production animale. Ce gaz participe à l’acidification des sols et des cours d’eau, à la mauvaise qualité de l’air et à la perte de la biodiversité[12]Ibid., pp. 4-6.. Bien que les seuls rejets émis par l’élevage soient déjà révélateurs des conséquences de l’élevage sur notre planète, il n’en reste pas moins que ces rejets ne sont pas le seul problème que soulève l’élevage.

La gestion des terres utilisées par l’élevage est également problématique. Deux phénomènes principaux peuvent symboliser la dégradation des terres induite par l’élevage. D’une part, il a été constaté une dégradation des zones consacrées à l’élevage qu’on appelle désertification. Ce phénomène qui apparait particulièrement dans les zones arides s’explique par le surpâturage. En optimisant le nombre d’espèces élevées sur un même territoire, on provoque une altération voire une disparition de la végétation, la consommation des troupeaux dépassant les ressources naturelles présentes sur le territoire. D’autre part, l’intensification de l’élevage et son développement demandent en effet plus de terres disponibles et donc un défrichement plus important. La déforestation massive est devenu un véritable enjeu à l’instar de l’Amérique Latine qui depuis 1970 perd chaque année 1% de ses forêts en raison de l’élevage de ruminants[13]BLANFORT Vincent, DOREAU Michel, HUGUENIN Johann, et al, « Impacts et services environnementaux de l’élevage en régions chaudes », INRA Productions Animales, 2011, vol. 24, no 1, pp. 92-93.. Si l’on se concentre uniquement sur l’Amazonie brésilienne, 70 à 80% de la déforestation peut être imputée au secteur de l’élevage. Ce besoin de terres ne doit pas être simplement compris comme la nécessité d’un espace de vie pour les animaux élevés. Le défrichement sert aussi à créer de nouveaux champs agricoles dont les récoltes serviront à nourrir le bétail. Dans le cas spécifique du Brésil, c’est la culture du soja qui repousse sans cesse la déforestation au Nord de l’Amazonie, soja qui sera majoritairement consommé par le bétail[14]AZEVEDO-RAMOS C., « Développement durable et lutte contre la déforestation en Amazonie brésilienne: le bon, le mauvais et le pire », Déforestation, changement d’affectation des terres et … Continue reading.

Aux problèmes de pollution et de dégradation des terres liés à l’élevage vient s’ajouter l’appauvrissement des ressources en eau. Á lui seul, l’élevage utilise 8% du total de l’eau qui est utilisée chaque année par les humains. Une majorité de l’eau dont a besoin la production animale sert en premier lieu à irriguer les cultures qui  nourriront les animaux, l’abreuvement du bétail ne représentant qu’une partie négligeable de la consommation en eau[15]STEINFELD Henning, GERBER Pierre, WASSENAAR Tom, et al, « L’ombre portée de l’élevage »,  2009, p. 307.. En outre, l’élevage et notamment l’élevage intensif est responsable d’une diminution de la qualité de l’eau. De par son activité, l’élevage libère des nutriments et d’autres substances polluantes dans les cours d’eau. Tout comme la déforestation qui compromet la biodiversité, la pollution de l’eau affecte grandement la biodiversité aquatique[16]Ibid., p. 308..

3. Les enjeux de bien-être animal

En dernier lieu, le bien-être animal trouve une place, certes récente, dans l’ensemble des critiques adressées aux secteurs de l’élevage. Surtout depuis la seconde moitié du 20e siècle, la reconnaissance de la souffrance des animaux a gagné du terrain dans l’opinion publique. Á cette prise de conscience se sont alors ajoutées des revendications, des manifestations populaires, une demande sociale[17]BOURDON Jean-Paul, « Recherche agronomique et bien-être des animaux d’élevage. Histoire d’une demande sociale », Histoire & Sociétés Rurales, vol. 19, no. 1, 2003, pp. … Continue reading visant à améliorer le sort des animaux d’élevage. L’exploitation animale est attaquée pour son traitement infligé aux animaux. Les récents scandales sur les conditions d’abattage ou sur l’enfermement que subissent certains animaux d’élevage témoignent de cet enjeu auquel fait face l’élevage. Cet enjeu qui devient parfois une lutte sociale pour certains est accompagné par les récents travaux d’éthologie améliorant les conditions de vie des animaux et réduisant leur souffrance. L’éthologie permet par exemple de définir le comportement normal d’un animal dans un environnement adapté et de relever des troubles des comportements comme mesure du bien-être[18]VANDENHEEDE, Marc, « Bien-être animal: les apports de l’Ethologie »,  Annales de médecine vétérinaire, 2003, p. 19.. Ces avancées ont par ailleurs été suivies de directives européennes visant à encadrer et à contrôler le bien-être animal. À l’avenir, le respect du bien-être animal peut donc devenir une condition indispensable à la production des élevages.

Actuellement, des critères liés au bien-être animal ne figurent pas dans les critères du Commerce équitable comme ceux établis par WFTO[19]World Fair Trade Organisation. Il est vrai qu’historiquement les produits du commerce équitable ne sont pas directement issus de l’élevage.  Les mauvais traitements infligés aux animaux ne sont pas l’apanage d’une culture ou d’une région du monde, ni d’un élevage paysan ou industriel. Cependant, ici comme ailleurs, les paysan.ne.s en grande précarité sont plus susceptibles que d’autres d’infliger des traitements parfois extrêmes aux animaux, malheureusement en raison uniquement de la situation précaire dans laquelle ils ou elles se trouvent. La Belgique et l’Europe ne font pas figure d’exception alors que chaque année des troupeaux moribonds sont découverts dans des fermes laissées quasiment à l’abandon par des propriétaires exsangues. Les situations difficiles vécues par certain.e.s éleveur.euse.s sont un facteur parmi d’autres conduisant à ces situations.

Inscrire le bien-être animal dans l’équitable peut donc poursuivre plusieurs objectifs : sensibiliser toute la chaine de production, mais également sensibiliser les consommateurs.trices à la nécessité de défendre une juste rémunération des unités d’élevages pour viser l’objectif d’un bien-être animal et en donner les moyens à celles et ceux qui peuvent le réaliser au mieux, les éleveur.euse.s.

Dans une telle démarche, la multiplicité des critères, cette approche « holistique » du commerce équitable prend tout son sens. Comme pour la lutte contre le changement climatique et la promotion de l’agro-écologie dans les coopératives équitables, un.e paysan.ne qui ne peut vivre dignement de son travail, ne pourra pas aisément se tourner vers des formations, des investissements, permettant de modifier ses pratiques.

En conclusion

Garantissant à une importante partie de la population des pays en voie de développement un socle financier et social structurant, l’élevage est encore un besoin pour de nombreuses personnes. En favorisant et en encourageant un élevage qui puisse répondre aux enjeux environnementaux et sociaux, les organisations de commerce équitable pourraient mettre en avant une production durable et suffisante financièrement pour nombre d’éleveur.euse.s du Sud, ce qui pourrait se concrétiser dans un commerce Sud-Sud si l’exportation n’est pas souhaitable d’un point de vue écologique. Promouvoir des contacts commerciaux plus justes avec les producteur.rice.s locaux.ales permettrait d’éviter l’évincement des plus petit.e.s éleveur.euse.s des marchés. De plus, créer des filières se fournissant auprès d’éleveur.euse.s dont le respect de l’environnement et des animaux est une priorité deviendrait une solution potentielle aux dégâts environnementaux causés par l’exploitation animale.

Depuis ses débuts, le commerce équitable n’a cessé d’évoluer pour élargir les critères éthiques qu’il recouvre. Dans le cas de l’élevage, l’adjonction de critères de bien-être animal peut aider à faire progresser la sensibilisation au Nord comme au Sud. Conditions de vie des producteurs et de leur communauté, attention à l’environnement et bien-être animal peuvent se rencontrer, voir se renforcer, dans une même démarche.

Indications bibliographiques

ALARY Véronique, DUTEURTRE Guillaume & FAYE, Bernard, « Elevages et sociétés: les rôles multiples de l’élevage dans les pays tropicaux », INRA Productions animales, vol. 24, no. 1, 2011, pp. 145-156.

AZEVEDO-RAMOS C., « Développement durable et lutte contre la déforestation en Amazonie brésilienne: le bon, le mauvais et le pire », Déforestation, changement d’affectation des terres et REDD 3, vol. 59, 2008, pp. 12-16.

BLANFORT Vincent, DOREAU Michel, HUGUENIN Johann, et al,« Impacts et services environnementaux de l’élevage en régions chaudes », INRA Productions Animales, vol. 24, no 1, 2011, pp. 89-112.

BOURDON Jean-Paul, « Recherche agronomique et bien-être des animaux d’élevage. Histoire d’une demande sociale », Histoire & Sociétés Rurales, vol. 19, no. 1, 2003, pp. 221-239.

DUTEUTRE Guillaume, PAPA Nouhine Dieye & DJIBY Dia, « Ouverture des frontières et développement agricole dans les pays de l’UEMOA: l’impact des importations de volailles et de produits laitiers sur la production locale au Sénégal. », Institut Sénégalais de recherches agricoles, 8, no. 1, 2005, pp. 1-78.

FAYE Bernard, ALARY Véronique, « Les enjeux des productions animales dans les pays du Sud », Productions animales, vol. 14, no. 1, 2001, pp. 3-13.

GODBOUT Stéphane, PELLETIER F., HAMELIN L., et al., « Problématiques environnementales émergentes en production animale », Colloque en agroenvironnement: Le respect de l’environnement: tout simplement essentiel, 2008, 16p.

MOTTET Anne, « Les filières viande face à leurs défis: quelle vision pour demain? » Viandes & Produits Carnés, 2014, pp. 1-6.

PANGUI Louis-Joseph et KABORET Yalacé Y., «  Impacts de l’évolution de la consommation des protéines animales sur l’élevage et les éleveurs dans les pays du Sud », Bulletin de l’Académie vétérinaire de France, 2013, pp. 302-308.

PORCHER Jocelyne, « Bien-être et souffrance en élevage: conditions de vie au travail des personnes et des animaux », Sociologie du travail, vol. 45, no. 1, 2003, pp. 27-43.

STEINFELD Henning, GERBER Pierre, WASSENAAR Tom, et al,« L’ombre portée de l’élevage »,  2009, 320p.

VANDENHEEDE, Marc, « Bien-être animal: les apports de l’Ethologie »,  Annales de médecine vétérinaire, 2003, pp. 17-22.

Notes[+]