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Oxfam-Magasins du monde

Rapport

L’industrie alimentaire réalise des milliards d’euros de bénéfices chaque année. Pendant ce temps, des millions de femmes et d’hommes qui produisent les aliments que nous consommons chaque jour souffrent de la pauvreté et sont confrontés à de terribles conditions de travail.

C’est ce que révèle le nouveau rapport « Derrière le code-barres, des inégalités en chaînes ! », publié aujourd’hui par Oxfam. Nous y dénonçons la concentration du pouvoir dans les mains de quelques grands acteurs de l’industrie alimentaire, et critiquons le comportement des supermarchés vis-à-vis de leurs chaînes d’approvisionnement.

 

Rapport

À propos de la campagne

Avec la campagne « Derrière le code-barres », Oxfam veut mettre en lumière ce qui se cache derrière les prix affichés sur les étiquettes. Nous exigeons des autorités et des entreprises :

  • la fin des conditions de travail inhumaines ;
  • la fin de la discrimination des femmes dans l’industrie alimentaire ;
  • plus de transparence dans les chaînes d’approvisionnement ;
  • une meilleure répartition des bénéfices entre tous les acteurs du secteur.

Mainmise des distributeurs sur les chaînes d’approvisionnement

La distribution alimentaire se concentre de plus en plus dans les mains d’un petit groupe d’acteurs dominants. En Europe, 10 grands distributeurs possèdent ainsi presque la moitié des commerces de détail. Pour la Belgique, les 5 plus grandes chaînes de supermarchés captent 64% du marché ! Au niveau mondial, les supermarchés empochent une part croissante du montant du prix payé par les consommateurs, jusqu’à 50% dans certains chaines, alors que la part dévolue aux travailleurs et aux producteurs diminue et représente, dans certaines chaînes, moins de 5%.

Ces grands magasins se servent de leur poids pour exiger des prix toujours plus bas et reporter les risques sur leurs fournisseurs. Le résultat ? Les producteurs se retrouvent victimes de pratiques commerciales déloyales, et nos chaînes d’approvisionnement sont marquées par des inégalités choquantes.

5 vérités dérangeantes sur nos chaînes d’approvisionnement

Les petits producteurs agricoles et les travailleurs des chaînes d’approvisionnement ne sont pas assez rémunérés :

  1. Les supermarchés empochent une part toujours plus importante des bénéfices réalisés, au détriment des paysans et des travailleurs. Le rapport d’Oxfam illustre bien ceci en se penchant sur 12 produits courants, des crevettes aux avocats, provenant de pays en voie de développement. Sur le prix payé par le client, 44 % revient aux supermarchés, et seulement 8 % aux paysans et travailleurs.
  2. La part de bénéfices qui revient aux paysans et travailleurs est insuffisante pour leur assurer un niveau de vie élémentaire décent. L’écart entre le revenu minimum vital et le revenu effectif est le plus marqué quand la main-d’œuvre est constituée en majorité de femmes.
  3. Une enquête réalisée auprès de travailleurs et de paysans de cinq pays (Afrique du Sud, Italie, Philippines, Thaïlande et Pakistan) a révélé qu’ils sont une majorité à avoir du mal à se nourrir et à nourrir leurs familles.

Et pendant ce temps, les supermarchés s’emparent d’une part de plus en plus grande des recettes…

  • Les huit plus grandes chaînes de supermarchés cotées en bourse ont réalisé près de 1 000 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2016, dont 22 milliards de dollars de bénéfices et ont reversé 15 milliards de dollars à leurs actionnaires… alors que les travailleurs et les paysans travaillent dans des conditions inacceptables.
  • Sur base d’informations disponibles publiquement, les politiques et pratiques des supermarchés les plus importants et à la croissance la plus rapide des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des États-Unis ont été évalués sur la transparence de leur chaîne d’approvisionnement ; et sur le traitement des travailleurs, des petits agriculteurs et des femmes dans cette chaîne. Les 16 supermarchés scrutés ont tous obtenu de très mauvais scores.

Nos politiciens doivent agir !

  • La proposition de législation européenne sur les pratiques commerciales déloyales dans le secteur alimentaire est une bonne nouvelle pour les petits producteurs du monde entier. Mais elle doit être renforcée d’avantage pour faire une vraie différence dans la vie des femmes et des hommes qui sont le plus exposés aux pratiques déloyales des supermarchés.
  • Les décideurs politiques belges doivent travailler à une législation internationale et nationale qui oblige les entreprises à respecter les droits humains dans toutes leurs chaînes de production à travers le monde. Le traité contraignant de l’ONU sur les droits humains et les entreprises et le devoir de vigilance des entreprises, tel qu’il existe en France, sont des instruments importants à cet égard.
  • Les politiciens doivent appuyer la transition vers un système alimentaire durable. Cela nécessite des mesures pour promouvoir les filières du commerce équitable, la production agro-écologique et locale, et des circuits courts entre la production et les consommateurs.