Il fallait vivre dans une grotte ces dernières années pour ne pas se rendre compte que les citoyennes et les citoyens ont aujourd’hui envie d’autre chose : ils veulent une société plus authentique, plus durable, plus respectueuse des femmes, des minorités et de l’environnement, une société qui a du sens. Consommer pour consommer, au plus bas prix possible, ne les intéresse plus. Ils veulent du vrai. Et ils ne sont plus dupes. Les grands discours, les déclarations d’intention les laissent indifférents : ils veulent du concret, des actes, de véritables alternatives.
Les entreprises l’ont bien compris, et nous voyons fleurir depuis quelques temps des initiatives qui semblent partir d’une bonne intention, bien que correspondant souvent à du greenwashing, du gender-washing ou du socialwashing plutôt qu’à de véritables alternatives : des t-shirts à slogans féministes produits pour quelques cents par une ouvrière au Bangladesh participent-ils à la lutte pour l’égalité femmes-hommes ? Se glorifier de produits fabriqués en Europe quand ils le sont dans des usines de pays de l’Est où le salaire minimum n’atteint pas les 100 euros par mois aide-t-il à la construction d’un monde plus durable ? La réponse est dans la question.
Chez Oxfam-Magasins du monde, nous n’avons pas attendu que ce soit à la mode pour proposer une alternative globale à toutes ces dérives :notre vision du commerce équitable
n’est pas qu’une question de prix juste, elle englobe des questions aussi vitales que l’égalité femmes-hommes, le respect de l’environnement, la démocratie économique…
Ce n’est pas pour rien que nous parlons de partenaires et non de fournisseurs pour parler des producteurs avec lesquels nous travaillons. Par exemple, les Petits déjeuners Oxfam 2018 soutenaient plus particulièrement le projet de Corr-The Jute Works (Bangladesh) visant à faire face aux changements climatiques et au trafic d’êtres humains dont sont victimes les femmes. Corr-The Jute Works, ce sont 400 femmes réparties en 9 coopératives qui fabriquent des produits d’artisanat à partir de matières premières locales, telles que le jute, le bambou, la canne, la soie…
Mais nous ne nous arrêtons pas là. Le monde change constamment, les solutions aussi. Ainsi, en 2018, nous nous sommes intégrés dans le mouvement de la Slow Fashion, avec comme point d’orgue l’Oxfam Day en mai 2018 à Tour & Taxis, où nous avons partagé l’espace avec d’autres initiatives belges pour une mode différente, soucieuse des êtres humains et de la planète. Nous avons également décidé de soutenir activement l’Open Food Network, une plateforme coopérative qui rassemblent des producteurs/trices et des citoyen·ne·s qui veulent construire un système alimentaire différent, équitable, bio et local.
Car, à côté de cette vision globale, Oxfam-Magasins du monde continue à agir au niveau local. Avec nos 70 équipes de bénévoles réparties partout en Wallonie et à Bruxelles, nos 130 JM-Oxfam actifs dans les écoles secondaires, avec notre implication dans « Communes du commerce équitable », avec notre campagne « Une autre commune est possible », nous démontrons chaque jour que le slogan « Think global. Act local. » n’est pas qu’une façon de parler.
2018 a été l’année de l’ouverture et de l’innovation. En 2019, il sera temps de mettre ces innovations et nos activités commerciales en général au bénéfice d’un modèle économique durable.
PIERRE SANTACATTERINA Directeur Général